Le goûter au soleil

Il fait assez frais dans notre appartment, et c'est seulement en ouvrant la porte cochère pour sortir la poussette double que j'ai senti de chauds rayons de miel me caresser les joues et les épaules. Les enfants ont cligné des yeux, un peu surpris, et nous sommes partis. Entrés dans le parc par la porte du Dragon, nous avons pris place, sous le feuillage accueillant d'un arbre, sur le banc de pierre qu'Augustin m'a désigné pour le goûter. J'ai sorti de ma poche un petit sac en papier humide  et nous avons partagé les chouquettes. Les trois quarts pour eux, quelques unes pour moi. Gaspard m'a étonnée en mangeant plus que sa part. Ses six quenottes lui permettent désormais de bien déchirer la pâte fine des délices de la boulangerie et il ne s'en prive pas. En face de nous, le château se laissait entrevoir ; le ciel paraissait plus immense que je ne l'ai jamais vu à Paris. Il occupait tout l'espace, gros nuages floconneux pressés sur toile bleu claire, et je ne me lassai pas de le regarder. Poisseux de sucre et gorgés d'eau -de lait pour le plus jeune-, nous avons parcouru les allées rectilignes les plus ombragées et croisé un petit lapin qui, au grand regret d'Augustin, n'est pas resté bien longtemps avec nous. Sans doute était-il en retard. J'ai persuadé mon grand petit garçon que nous ne mangerions pas de frites à la Flotille, contrairement à hier après-midi. A la place, nous nous sommes assis tous les trois au bord du grand canal pour regarder le spectacle des touristes montant et descendant des barques. Les enfants étaient fascinés. Nous sommes rentrés doucement par l'allée des moutons, et, privilège du temps d'été, Cédric nous attendait sur le chemin.